CIC fait appel à des chèvres et à des vaches pour lutter contre les végétaux envahissants dans les Prairies canadiennes
Les espèces envahissantes n’ont qu’à bien se tenir : le bétail les a à l’œil.

Arracher, tondre, brûler et vaporiser les végétaux envahissants
Ce ne sont que quelques-uns des moyens grâce auxquels CIC maîtrise les espèces végétales envahissantes. Dans les Prairies, les spécialistes de la conservation disposent d’un nouvel outil dans leur arsenal : le pâturage.
Les terres herbeuses des Prairies apportent aux canards, comme les canards pilets, une couverture végétale importante pour nicher. Bien que la sauvagine ne soit pas en mesure de contrer la prolifération des végétaux envahissants, les animaux biongulés avec lesquels ils partagent le territoire sont en mesure de le faire.
« Le bétail est un allié naturel », explique Jodie Horvath, spécialiste de la conservation de CIC. C’est la raison pour laquelle, en Alberta et en Saskatchewan, CIC et ses partenaires libèrent vaches et chèvres dans les prairies pour lutter contre les végétaux envahissants destructeurs grâce au pâturage.
Le ranch de conservation Touchwood Hills, en Saskatchewan.
Tous les printemps, le bétail broute sur le ranch de conservation Touchwood Hills de CIC, près de Yorkton en Saskatchewan, dans le cadre d’un plan de gestion intégré.
Ici, les génisses et les paires vaches-veaux mangent, piétinent et mettent à découvert les végétaux envahissants. « Lorsqu’ils ne mangent pas la plante ennemie, ils broutent l’herbe qui l’entoure, ce qui facilite notre tâche et nous permet de repérer les plantes à déraciner », explique Jodie Horvath.

En faisant ce qu’il fait tout naturellement, le bétail nous aide à maîtriser la tanaisie vulgaire (Tanacetum vulgare), la petite bardane (Arctium minus) et l’absinthe (Artemisia absinthium).
« Le bétail en pâturage est essentiel pour maintenir la production et la longévité des prairies. Cet habitat de nidification productif a de meilleures chances de concurrencer les espèces végétales indésirables », précise Jodie Horvath.
Frank Lake (Alberta)
Même si l’« équipe d’intervention bovine » oublie parfois de brouter des herbes envahissantes pour leur préférer les herbes des prairies indigènes, en Alberta, les chèvres plongent tête première dans l’euphorbe ésule au projet de Frank Lake de CIC, à 50 kilomètres au sud-est de Calgary.

Probablement apporté au Canada dans un sac de semences contaminées, l’euphorbe ésule (Euphorbia esula) envahissante libère des toxines dans le sol où il pousse, ce qui empêche d’autres végétaux de s’enraciner. Il a aussi un impact sur la capacité de rétention de l’eau de la terre. « C’est une mauvaise herbe problématique », s’exclame Ashley Rawluk, spécialiste de la conservation de CIC.
Heureusement, les chèvres adorent cette plante. « Elles la dévorent comme si c’était du bonbon », précise-t-elle. Elle confie que cette année, elle a prévu de mettre en liberté, à trois occasions distinctes, des chèvres sur les prairies de Frank Lake. Si on peut remarquer de légères améliorations après le passage des chèvres dans les champs, « il faut attendre plusieurs années avant de récolter tous les bienfaits de leur pâturage », explique-t-elle.
Entretemps, Ashley Rawluk et Jodie Horvath soulignent le fait que les animaux domestiques tributaires du paysage des prairies peuvent faire partie de la solution. « Je pense qu’il faut vraiment faire la promotion des solutions naturelles pour maîtriser les espèces envahissantes, précise Ashley Rawluk. « Quoi de plus naturel qu’une chèvre qui broute? », lance-t-elle.