Perché au bord de la mer

Les marées océaniques qui remontent chaque jour du large transportent du limon et d’autres matériaux qui se déposent parmi la végétation des marais salés des côtes canadiennes. Les écosystèmes qui se forment, accrochés au rivage, font partie de la beauté verdoyante qui nous attire au bord de l’eau.

Ces habitats fertile sont peuplés d’oiseaux, comme les canards noirs et les hérons, et servent d’habitat d’alevinage aux jeunes animaux marins, comme le saumon dans les marais du Pacifique et le homard dans les marais de l’Atlantique. Ils protègent les côtes de l’érosion et des inondations et contribuent à maintenir la qualité de l’eau pour la baignade, la pêche et les sports nautiques.

Mais ces écosystèmes sont en train de disparaître.

La vie en marge

Les communautés côtières du Canada se développent. Vous serez peut-être surpris d’apprendre que l’ensemble des populations côtières du Canada a atteint 5,5 millions de personnes en 2021, soit une augmentation notable de 5,3 % par rapport aux cinq années précédentes. Plus de trois millions de ces résidents se trouvent sur la côte pacifique et il y a plus de deux millions d’habitants côtiers dans le Canada atlantique.

La croissance de ces communautés s’accompagne d’une augmentation des pressions exercées sur les littoraux. Mais il peut être difficile de suivre avec précision les effets de ces changements en raison du manque de données sur les écosystèmes côtiers. En 2022, les marais salés ont été cartographiés sur 3 602 kilomètre de littoral dans les régions de l’Arctique, du Pacifique et de l’Atlantique, mais de grandes parties du littoral ne sont pas encore classées.

• Qu’est-ce qu’un marais salé ?

Si l’on se projette dans l’avenir, l’étendue actuelle des marais salés est menacée de toutes parts. Les bâtiments, les routes et autres infrastructures grignotent les marais salés à l’intérieur des terres, tandis que l’élévation du niveau de la mer se fait sentir de l’autre côté. Non seulement ils ont besoin d’espace pour exister, mais les écosystèmes côtiers ont besoin d’espace pour se développer.

Prendre de l’avance

À ce jour, l’étendue connue des écosystèmes de marais salés est estimée à 9 % du littoral canadien. À mesure que les marais salés se réduisent, leur capacité à abriter la faune et la flore et à protéger les communautés des ondes de tempête et de l’érosion du littoral diminue. La bonne nouvelle, c’est que les preuves de la perte du littoral et de ses impacts croissants incitent les Canadiens à protéger les terres côtières.

À Yarmouth, en Nouvelle-Écosse, CIC gère plus de 40 hectares de marais salés et de hautes terres environnantes qui sont proches du « Arcadia Salt Marsh », une « Treasured Wetland of Nova Scotia ». Dans la ville voisine d’Argyle Head, CIC a également acquis près de 1 830 mètres de front de mer, un accord qui comprenait à l’origine six parcelles de terrain distinctes. Des acquisitions comme celles-ci nécessitent l’engagement dévoué de multiples partenaires, dont le gouvernement du Canada et le soutien de partenaires américains grâce à la North American Wetlands Conservation Act.

Les marais salés restants ont également été protégés par des dons. Par exemple, en Nouvelle-Écosse, un don de marais salés préserve l’habitat du marais de la rivière Allains, près du parc historique national du Fort Anne, dans la vallée de l’Annapolis. Au Nouveau-Brunswick, CIC est le gardien d’une section de littoral naturel donnée par la paroisse anglicane de Shediac à Pointe-du-Chêne, une communauté de vacances très fréquentée du Nouveau-Brunswick. Une autre parcelle rare en bord de mer, située sur une côte très développée près de Village-des-Poirier, a été donnée par la famille Jean, dans la Péninsule acadienne.

Les techniques de restauration des marais sont également essentielles à la protection du littoral. Dans des endroits comme le marais de Jijuktu’kwejk et le marais de Fullerton, CIC a travaillé à la restauration des écosystèmes de marais salés en gérant les brèches dans les systèmes de digues affaiblis, ce qui a permis à l’habitat de s’épanouir à nouveau.

Chaque marais compte. Mais des politiques de conservation à plus grande échelle sont nécessaires pour ralentir et inverser la tendance à la perte.

Une politique de pointe

Le Canada jette les bases d’une meilleure politique environnementale. Au niveau mondial, on commence à mettre l’accent sur l’évaluation des écosystèmes à l’aide de mesures environnementales et économiques, que les décideurs peuvent comparer à d’autres « comptes » économiques. Le gouvernement fédéral a créé le recensement de l’environnement de Statistique Canada à cette fin.

L’inquiétude concernant la santé du littoral, associée aux effets négatifs sur le climat et la biodiversité, a placé les écosystèmes des marais salés en tête de liste des priorités pour ce nouveau type de comptabilité. CIC a soutenu l’élaboration du cadre technique d’évaluation des écosystèmes de marais salés en s’appuyant sur l’expertise d’un comité de lecture. Ce cadre permettra d’établir des valeurs de référence pour « l’étendue, l’état et les services » des marais salés et contribuera à faire comprendre l’urgence d’investir dans leur protection. Le succès des évaluations des écosystèmes dépendra de la volonté des communautés côtières d’adopter et d’appliquer des politiques efficaces.

Les vagues croissantes de défis environnementaux qui pèsent sur la santé des écosystèmes côtiers du Canada sont décourageantes. Mais chaque pas vers la conservation, la cartographie et la protection des marais salés nous éloigne de la limite d’une gestion côtière non durable. Nous avons besoin d’environnements marécageux pour assurer la sécurité et la beauté de nos côtes.