Je suis arrivée sur les rives du marais Delta du Manitoba en mars 1988. Au volant de ma Ford Falcon 1967, j’ai roulé jusqu’à la station de recherche avec mon tout nouveau diplôme de bachelière en sciences et l’exubérance d’une étudiante sur le point de mener, avec des étincelles dans les yeux, son premier vrai projet de recherche.
On m’avait engagée pour participer à une étude complète de 10 ans sur l’écologie des milieux humides des Prairies. Mes tâches pour les quatre mois suivants consistaient à dénombrer les oiseaux tôt le matin, à ramasser des invertébrés aquatiques et à prélever des échantillons de la faune aquatique.
Je vivais ma première expérience dans un marais. J’ai vite appris comment avancer dans des bottes qui s’enlisent dans la boue. J’étais émerveillée par la diversité de la vie qui se déployait autour de moi. Et j’ai découvert que c’est la proue d’un canot qui est le meilleur endroit pour observer un coucher de soleil.
Je faisais partie d’une équipe de six ou sept étudiants comme moi. À la fin de la journée, nous allions nous assoir dans la véranda protégée par une moustiquaire dans le pavillon de chasse historique dans lequel nous habitions pour débattre de tout ce qui se rapportait aux milieux humides et à la sauvagine.
À la fin de l’été, j’étais déjà accro.
Je passe rapidement sur plusieurs années d’études et de travail dans d’autres sites de recherche sur les milieux humides et la sauvagine dans les Prairies canadiennes. En 2001, j’avais fait ma maîtrise et mon doctorat en biologie à l’Université de la Saskatchewan.
Sous la tutelle des meilleurs scientifiques de la conservation en Amérique du Nord, dont le légendaire Pr Bob Clark, les études et la formation que j’ai faites m’ont permis de me rendre là où je suis aujourd’hui : je mène une carrière depuis 22 ans auprès de Canards Illimités Canada et j’ai l’honneur d’occuper le fauteuil de chef de la direction.
Aujourd’hui, je me réjouis de savoir que d’autres étudiants auront eux aussi l’occasion de se consacrer à leur passion grâce à la nouvelle chaire de recherche universitaire de CIC dans la conservation des milieux humides et de la sauvagine dans mon alma mater, l’Université de la Saskatchewan. Les étudiants inscrits à cette chaire feront, sur notre territoire, sur l’eau et sur la faune, des découvertes qui pourraient changer le monde. Leurs idées influenceront les relations des Canadiens et des Canadiennes avec la nature, et leurs travaux de recherche leur permettront de relever les défis environnementaux les plus impérieux de notre époque.
Le récent Symposium nord-américain sur les canards, organisé en collaboration avec CIC, témoigne éloquemment de ce potentiel. Parmi la foule de 300 éminents professionnels de la sauvagine venus d’un peu partout dans le monde, ce sont les étudiants qui se sont illustrés. Rien n’est plus inspirant que les écouter parler de leurs projets de recherche sur des thèmes portant aussi bien sur l’écologie que sur la biogénétique ou la migration, la dynamique des populations et les répercussions du changement climatique. Ils faisaient part de leur expérience avec un enthousiasme qui m’était familier.
Ce sont ces étudiants et ceux qui seront guidés par notre nouvelle chaire universitaire qui me ramènent à l’époque où je travaillais sur le terrain. Ils font remonter en moi les souvenirs de mon séjour sur le campus de l’Université de la Saskatchewan et me rappellent la raison élémentaire pour laquelle nous avons tous décidé de consacrer une partie de notre vie à la conservation : la volonté de faire œuvre utile.
Il est évident que les jeunes scientifiques de la conservation du Canada détiennent les clés de l’avenir. Il suffit maintenant d’imaginer où ils iront.
Karla Guyn, Phd
Chef de la direction