Bec en tête

Quiconque passe une partie de l’été à proximité des lacs nordiques canadiens le sait bien : le cri du plongeon huard ne fait pas moins partie de l’expérience que l’air pur. Selon l’heure de la journée, le cri de ce grand oiseau aquatique varie d’un son situé entre un yodel et un rire à une longue complainte qui résonne au loin.

Du noir, du blanc et des nuances de gris

Faisant environ deux fois la taille d’un canard colvert, un plongeon huard adulte arbore un plumage noir et blanc aussi reconnaissable que son cri. Ses yeux d’un rouge vif tranchent sur le noir de sa tête et de son bec. Son cou est décoré d’un collier de courtes bandes blanches verticales. Son long corps alterne le noir et le blanc sur le dos et les ailes, tandis que la poitrine est blanche aux reflets d’argent.

L’hiver, on ne le voit guère que dans les zones côtières tempérées – et il est méconnaissable avec son plumage gris mat, sa gorge blanc sale et ses yeux marrons.

Élégant sur l’eau, mais balourd sur la terre

Très rapide quand il a pris son envol, le plongeon huard a besoin d’une longue piste pour décoller. Il est aussi brouillon quand vient le temps de se poser, battant des ailes frénétiquement et poussant l’eau devant lui pour s’immobiliser. Sur terre, il est franchement balourd et lent. Sauf s’il s’agit de bâtir un nid ou de couver, le plongeon huard passe toute sa vie sur l’eau ou dans le ciel.

Et s’il manque de mobilité sur terre, cet oiseau sait se racheter sur l’eau, où sa puissance de nageur et ses talents de plongeur sont incontestables. En effet, il est réputé pour plonger sur plus de 15 mètres à la recherche de nourriture comme de petits poissons, des larves d’insectes et des sangsues.

Le maître des illusions

On aperçoit rarement le plongeon huard près de son nid. Pour protéger celui-ci, il le déserte bien avant qu’un prédateur n’arrive et s’affaire à distraire l’intrus en surgissant au loin sur l’eau. Il sait se rendre presque invisible en submergeant tout son corps à l’exception de sa tête et de son bec. Et si jamais le prédateur pousse ses menaces, notre ami à plumes plonge rapidement pour surgir plus loin, répétant son manège jusqu’à ce que l’intrus, de guerre lasse, s’en aille.

Le nid et les oisillons

Le nid est bâti en mai ou juin à l’aide de végétaux flottants. Le lieu de prédilection pour l’installer est un lieu à l’abri sur la côte. Ce choix donne à l’oiseau la chance de gagner l’eau rapidement en cas de menace. En revanche, le nid est souvent à risque d’être emporté par les vagues créées dans le sillage des puissantes embarcations à moteur au large.

D’ordinaire, la femelle pond deux gros œufs verdâtres ou brunâtres camouflés par des taches sombres. Les parents se relaient au nid et la couvaison dure environ 30 jours. Quand ils sortent de leur coquille, les canetons sont couverts d’un épais duvet brun foncé. Ils peuvent déjà nager, bien qu’il ne soit pas rare de les voir perchés sur le dos d’un de leurs parents durant leurs premières de vie pour rester au chaud et en sécurité.

Ébouriffage de plumes

Deux expertes aviaires se sont livré un duel amical dans les médias sociaux, chacune défendant un des finalistes du tournoi de la Folie de marais :

Vanessa Harriman:

scientifique de conservation à Canards Illimités Canada
Se battant pour : le plongeon huard

On pense souvent que le huard est un canard. Eh bien, non, c’est faux! C’est un oiseau plongeur que les mécanismes de l’évolution ont doté de moyens uniques de rester longtemps sous l’eau, comme des os solides et des pattes placées très à l’arrière sur son corps.

Le mâle et la femelle se relaient pour couver les œufs et prendre soin des petits. Ils vont même jusqu’à les porter sur le dos!

Le huard produit aussi parmi les plus adorables vocalises, avec quatre cris distincts, dont le yodel territorial du mâle et la complainte qu’on entend fréquemment quand deux partenaires s’appellent l’un l’autre sur un lac.

Cet oiseau est tellement emblématique que la pièce d’un dollar canadien porte son nom.

Tracy Maconachie:

Le mot pèlerin vient du latin peregrinus, qui signifie « étranger; venant d’ailleurs ». De fait, le faucon pèlerin nord-américain accomplit l’une des plus longues migrations au monde. Cet oiseau est aussi l’animal le plus rapide sur Terre. Quand il pique du ciel, sa vitesse de pointe peut dépasser les 300 km/h et il peut soutenir une force d’accélération trois fois plus grande que les pilotes de chasse. Il dispose même d’une vertèbre additionnelle sur l’os de queue pour manœuvrer plus à son aise.

Ses poumons hyperefficaces l’aident à respirer à grande vitesse tandis qu’une cloison dans chaque narine empêche l’air entrant de les endommager. Le cœur d’un faucon pèlerin peut battre jusqu’à 900 fois à la minute.

Ses proies de prédilection sont les canards et les oiseaux de rivage.