Comment les "terres cultivées en désordre" aident les agriculteurs et les pollinisateurs

Le rôle des zones marginales dans la productivité agricole

Paul Galpern, Ph.D., professeur agrégé au département des sciences biologiques de l’Université de Calgary, a passé les dix dernières années à étudier l’impact des zones marginales sur la production agricole.

« Nous réfléchissons aux pollinisateurs et autres insectes utiles dans les paysages agricoles des Prairies depuis environ 2014, et nous avons fait beaucoup de choses différentes au cours de ces dix années, et nous y sommes toujours », explique Galpern.

Grâce à ses recherches, Galpern a découvert que les zones désordonnées des terres cultivées peuvent bénéficier aux agriculteurs en fournissant un habitat aux pollinisateurs et à d’autres insectes utiles, entre autres services écosystémiques importants. Les abeilles et les coléoptères, entre autres insectes, peuvent se déplacer dans les champs et assurer la pollinisation ou la lutte antiparasitaire ; c’est ce qu’on appelle le « débordement ».

L’effet « halo » des zones en désordre pour les insectes utiles

Le concept de débordement de Galpern a des implications pratiques pour les agriculteurs : il montre comment les zones non cultivées peuvent constituer des sources d’insectes bénéfiques susceptibles d’améliorer la qualité des cultures. Il décrit ce phénomène comme un chaudron bouillonnant, où les organismes bénéfiques se répandent des zones désordonnées et non cultivées vers les champs cultivés voisins.

Au-delà de ce débordement, Galpern s’est efforcé de trouver des preuves tangibles de l’amélioration de la qualité des cultures dans ces zones en désordre, et c’est ce qu’il a fait.

À l’aide d’images satellite, de données d’assurance et de données collectées à partir d’équipements agricoles, Galpern et son équipe ont découvert que les rendements des cultures atteignent leur maximum à une certaine distance des zones non cultivées, avant de diminuer. Galpern et son équipe ont appelé cela des « halos ».

Bien qu’il n’y ait pas de preuve directe de ce qui cause les halos et les baisses de rendement qui en découlent, ils ont des idées.

« Nous avons un certain nombre d’hypothèses solides. Nous avons des preuves pour étayer ces hypothèses, et nous avons des preuves assez solides de l’existence de halos dans différents types de champs », explique Galpern.

Qu’est-ce que Galpern sait avec certitude ? Les zones en désordre sont gagnantes. « Faire plus de dégâts, c’est une victoire pour la nourriture, une victoire pour les agriculteurs, une victoire pour l’habitat et une victoire pour le climat », explique-t-il.

Ces zones ne sont qu’un exemple de la manière dont les agriculteurs soutiennent les populations de pollinisateurs. Des programmes comme le Programme des zones marginales (PZM) de CIC nous aident à travailler aux côtés des producteurs pour rendre les zones marginales plus rentables pour l’exploitation et le résultat net.

« Le PSA offre une solution financière aux terres cultivées improductives en semant des plantes fourragères vivaces », explique Graydon Garner, spécialiste des programmes agricoles de CIC en Alberta. « Ces fourrages améliorent la rentabilité, augmentent l’habitat des pollinisateurs et favorisent la biodiversité.

Les zones en désordre ne soutiennent pas seulement les pollinisateurs, elles ont aussi le potentiel d’augmenter les rendements des cultures et d’apporter des avantages économiques à la ferme. En valorisant les parties sauvages de nos paysages, nous pouvons créer un système agricole plus durable et plus rentable qui profite à la fois aux pollinisateurs et aux agriculteurs.

Bon pour les oiseaux … et les bourdons ?

Jim Devries, chercheur à la retraite de CIC, s’est associé à Paul Galpern et à Abigail Cohen, une collègue de l’Université de Calgary, pour étudier comment les bourdons utilisent les marécages comme habitat dans les terres cultivées. Leur article scientifique (en anglais) de 2024 a révélé que les zones proches des zones humides abritaient globalement un nombre plus élevé de bourdons, et que les bordures des zones humides, en particulier, comptaient un nombre plus élevé de bourdons à différentes périodes de la saison de croissance. Cette recherche montre que les bourdons utilisent probablement les lisières des zones humides comme zones de nidification et d’alimentation (semblable aux canards !), et souligne également l’importance des zones humides des nids-de-poule pour soutenir non seulement les canards et autres oiseaux, mais toute la biodiversité des paysages agricoles.